Série : l’impact de la Covid 19 dans le monde : les supply chains européennes

En seulement quelques mois, la Covid 19 a radicalement transformé la vie quotidienne de millions, voire de milliards, de personnes dans le monde. Alors que les priorités des consommateurs se déplacent vers des produits essentiels et la constitution de réserves pour limiter les risques de vulnérabilité, les directions de supply chain apprennent à s’adapter rapidement pour qu’ils aient accès aux produits dont ils ont besoin.

Les confinements en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et dans d’autres pays ont entraîné la mise à l’arrêt des supply chains européennes. Les grandes industries telles que celles du prêt-à-porter ou de l’automobile sont en crise. D’autres, comme les produits de consommation emballés, s’en tirent mieux. Internet prouve sa vraie valeur en tant que service alors que de nombreuses entreprises n’ayant pas recours au e-commerce sont dans l’impasse, la majorité des magasins physiques étant actuellement fermés. Le monde est en train de changer et il est compliqué de savoir ce que signifiera « normal » lorsque la pandémie ne sera plus qu’un souvenir.

Dans la troisième et dernière partie de cette série, nous allons étudier la manière dont la Covid 19 a impacté les supply chains mondiales d’entreprises multinationales d’Europe continentale et en quoi l’Allemagne peut servir de modèle pour traverser cette tempête.

Un impact durable sur la gestion de la supply chain en Europe

La pandémie entraine de nombreux changements dans les supply chains européennes et révèle des opportunités de croissance et de développement pour certains secteurs.

On constate une tendance chez les consommateurs à commander en ligne et à récupérer les produits dans les magasins. Les entreprises omnicanales utilisent déjà ce modèle, mais de plus en plus d’entreprises devraient chercher à s’en emparer. L’immobilier est limité dans de nombreuses régions d’Europe et la récupération en magasin réduit la nécessité de déployer des solutions massives de gestion des stocks en permettant aux entreprises de transformer de petits espaces en devantures. Le modèle est actuellement déployé pour les produits alimentaires et certains biens de consommation et sera probablement étendu dans une certaine mesure à la plupart des produits de consommation dans le futur.

La Covid 19 a également révélé certaines vulnérabilités liées au fait de vouloir mettre trop d’œufs dans son proverbial panier. Les pénuries mondiales d’équipements personnels de protection sont d’autant plus terribles que beaucoup des produits concernés étaient fabriqués dans d’immenses villes industrielles chinoises comme Wuhan, totalement mises à l’arrêt lorsque l’épidémie a commencé à se répandre plus rapidement. Cela a mis en évidence l’importance pour les pays du monde entier de produire eux-mêmes les produits essentiels ou d’avoir des fournisseurs de secours. Les entreprises allemandes ont rapidement adopté l’approche des doubles fournisseurs, consistant à établir des partenariats avec deux fournisseurs implantés à différents endroits du globe. Si l’un d’entre eux est indisponible, les produits essentiels peuvent toujours être obtenus grâce à l’autre.

Des approches différentes des structures des entreprises ont révélé d’autres fragilités dans la gestion des supply chains. Les entreprises avec des structures décentralisées se sont mieux comportées lors du pic de la pandémie car, plus sélectives, elles étaient plus enclines à prendre des décisions rapides et efficaces.

D’autres pays, comme la France, ont une approche plus centralisée. Ils comptent moins d’entreprises, mais celles-ci sont beaucoup plus grandes. Malheureusement, les fermetures en Europe ont montré que lorsqu’un grand groupe basé dans un pays centralisé est affecté par la crise, l’impact est beaucoup plus important. Avec le modèle allemand, de nombreuses entreprises peuvent passer en mode crise sans pour autant déstabiliser tout un secteur en cas de crise. Un grand nombre d’entreprises devraient dorénavant envisager d’intégrer certaines pratiques décentralisées allemandes pour pouvoir faire preuve de résilience dans des situations exceptionnelles.

Le côté positif de la pandémie

Bien qu’il soit encore trop tôt pour déterminer les effets à long terme de cette pandémie sur l’économie et la supply chain européenne, il s’avère qu’elle a fait émerger un aspect positif : l’augmentation de la valeur des interactions humaines. Nous ne parlons pas ici de contacts physiques, mais des relations de confiance et d’assistance entre les entreprises et leurs partenaires logistiques, plus importantes que jamais. Le maintien de bonnes relations avec les consommateurs et les partenaires est aussi nécessaire pour créer des entreprises capables de traverser les tempêtes. Lorsque l’épidémie sera dernière nous, les clients se souviendront de ceux qui les ont aidés et qui étaient là pour les soutenir quand ils en avaient besoin. Désormais, les consommateurs n’attachent plus seulement de l’importance à ce qu’ils achètent, mais aussi à ceux à qui ils achètent.

La Covid 19 a prouvé que les employeurs ne peuvent pas contrôler une crise avec un modèle centralisé. Si la confiance de leurs clients et consommateurs est cruciale, ils doivent aussi faire confiance à leurs managers et employés, car ce sont eux qui développent l’activité des entreprises.

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